Musée virtuel du Canada
Jardin botanique de Montréal 
Centre d’étude de la forêt

Transcription du clip vidéo Du pin sur la planche

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(Patrick Boisclair, animateur, raconte une histoire)

Photo de Patrick Boisclair, animateur, dans l'Arboretum du Jardin botanique de Montréal

© Jardin botanique de Montréal
Patrick Boisclair, animateur, Maison de l'arbre

Bonjour mesdames, bonjour messieurs et bienvenue à l'Arboretum du Jardin botanique de Montréal.

Mon nom est Patrick, je travaille comme animateur à la Maison de l'arbre.

Pis aujourd'hui j'men va vous conter une histoire qui s'est passée réellement dans le temps.

Si j'ai un brin de menteries dans mon histoire, ben que les oreilles m'en tombent.

Mais avant d'commencer, y faut s'assurer que l'fantôme de l'Arboretum, ben y soit pas là.
Fait qu'on va s'faire une p'tite ritournelle ensemble pour l'éloigner d'ici.

P'tit caribou dans l'gosier, pis bag tabac d'ins babines, à soir y faut conter pour que l'fantôme de l'Arboretum y déguédine.

Déguédine par icitte, déguédine par là, déguédine tout d'suite parce que mon histoire à commence drette-là.

Photo de Patrick Boisclair, animateur, qui raconte une histoire

© Jardin botanique de Montréal
C'histoire là, ça s'passe dans l'temps que...

C'histoire là, ça s'passe dans l'temps que les arbres étaient tellement gros que quand tu plantais ta hache dedans pis t'en faisais le tour ben quand te r'venais ton manche était pourri.

Les arbres étaient tellement grands que si tu tombais d'la cime, ben tu mourais d'vieillesse avant d't'écraser au sol.

Pis ça, c'est sans vous parler des racines pis des feuilles.

Ben toujours est-il que dans ces forêts-là vivaient depuis des millénaires des Amérindiens.
Y survivaient autant grâce à la chasse et à la cueillette, en parfaite harmonie avec la nature.

Mais un jour, les hommes sont venus dé grands océans sur des bateaux gigantesques.
Y s'sont arrêtés aux abords du grand fleuve et majestueux et s'est t'installèrent là.
Ces hommes-là, on les appelait les blancs, parce qu'eux autres y'étaient toujours en quête de richesses.

Et un m'ment d'né, un certain Yvan des Branches, un coureur des bois des plus rusés, fut envoyé sillonner la rivière qui traversait les montagnes pour y découvrir des ressources naturelles.

Non loin de d'là, tout près d'la rivière, dans un p'tit village amérindien, vivait un jeune chasseur très respecté des villageois qu'on nommait : Our à babiches.

Lui, y s'démarquait des autres chasseurs par son habilité à toucher la cible en tout temps, et ça même dans les conditions les plus extrêmes. Ho que oui…

C'était pas rare de l'voir fendre un cheveu en quatre, sous une pluie battante.
Ah oui, avec du vent aux p'tites heures du matin et ça avec l'aide de son tomahawk.

Un m'ment d'né, Our à babiches était parti toé, à chasse su l'bord du grand lac Castor.
Y marchait : woum woum… Y sé rendu à une clairière, pis à pas feutrés toé, à pas silencieux, y'a commencé à scruter l'horizon pour y voir une bête sauvage, quand qu'y a entendu, à travers les branches, une sorte de turlute assez bizarre, un espèce de…

[chanson] : tuuuuuuuuuur… ladidy, ladidy,…

Heille Our à babiches toé, y s'est caché en arrière d'un épinette, y'a fixé son r'gard vers ce bruit étrange qui s'en v'nait vers lui.
Et soudain cé t'apparu toé, a cé t'apparu au loin une espèce de silhouette d'homme.

Y'avait jamais vu ça d'sé yeux toé, un homme avec la peau blanche et non rouge comme la sienne.
Alors, pris de panique, y'a écouté ses instincts d'chasseur pis y sé t'nu là drette en garde, au cas où qu'y arrivait que qu'chose.

[chanson] : Tur… ladidy, ladidy…
La turlute s'est tue, parce que dret' devant lui y avait là Yvan des Branches… qui sentait la présence de Our à babiches.

Et à son tour lui aussi y a été pris par un p'tit vent d'panique
et soudainement les hommes s'aperçurent et se regardèrent longuement, un peu bizarrement…

han, han, hun, han, han…

Peau blanche, peau rouge, heille non, peau rouge, peau blanche, peau blanche, peau rouge.
Tacounta tacounti, tacounti tacounta, han…

Et puis un malaise s'est installé entre les deux hommes,
mais un m'ment d'né tout à coup est arrivé un cric, un crac, un croc, un pow!

Une souris grise est arrivée est v'nue fend' le silence en deux.

Heille, les gars apeurés toé, y'ont pris jambes à leur cou y sont r'gardés pis y sont affrontés dans un duel des plus terrifiants.

Mais au même moment, dans l'ciel, le ciel, et sé dev'nu très rouge, les nuages se sont mis à gonfler, le tonnerre a grondé… brrrrr…
Et y ont vu apparaître dans l'ciel, la grosse face poilue du grand manitou…

[chant] ah, ah, ah, ah, ah…

Et une voix s'est fait entendre : Messieurs, arrêtez-moi ça immédiatement, arrêtez!
Et cette voix-là, a la faite suspendre le temps, les deux hommes s'immobilisèrent comme des statues…
Et n'avaient guère le choix d'écouter les paroles du grand manitou, celui qui manie tout.

Messieurs, Messieurs vous m'faites honte, de vous disputer pour une couleur de peau ça s'fait pas.
Y va falloir écouter la voix de votre cœur, car nous sommes tous des frères et des sœurs.
J'vais vous enseigner une leçon que vous allez vous en souv'nir pour le restant de vos jours… Hahahahahaha!

Et celle-ci, cette leçon, c'est que je vous transformerai en arbre.
Toi, Yvan des Branches, on t'appellera maintenant pin blanc.
Blanc à cause de la couleur de ta peau et pour te reconnaître, t'auras cinq aiguilles par faisceau, comme les 5 doigts d'ta main.

Et toi Our à babiches, on t'appellera pin rouge, rouge comme la couleur de ta peau.
Et pour te r'connaître tu porteras deux longues aiguilles sur le même faisceau, ce qui représente les deux grandes plumes de ton bandeau.

Devant ce spectacle invraisemblable, la souris grise, qui n'avait pas manqué un seul mot du discours du grand manitou, mais a s'est mise à rire, mais à rire tellement à s'en tordre les boyaux.

Le grand manitou a entendu cela et sé tourné vers elle et l'a transformée en grand pin gris, gris souris.
Et pour la r'connaître, elle a deux p'tites aiguilles su'l même faisceau comme ses deux p'tites oreilles.

Et il lui a dit : rire des autres, ça t'apprendra.
Et le sort en fut jeté et nos trois compères ont gagné leur pin et cela croûte que croûte.

Merci ben!


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